Je commence l'année 2014 avec un sujet qui me tient à coeur et que je résumerais en deux mots : l'accouchement respecté.
Sur ce thème, et plus particulièrement afin de faire évoluer les mentalités sur l'accouchement à domicile, un projet de film a été lancé et a pu voir le jour en 2013, grâce au soutien de donateurs particuliers.
Il s'agit du court-métrage "Entre leurs mains" (bande-annonce visible en cliquant sur le lien).
De nombreux articles m'avaient donné envie de le voir, notamment celui de la Poule Pondeuse - Entre leurs mains - et celui de Dix Lunes - Entre nos mains.
L'idée n'est pas de convertir tout le monde à l'accouchement à domicile. Il s'agit avant tout de briser les mythes et de défaire les idées reçues sur la question. Et plus généralement de montrer ce que peuvent être des accouchements et des naissances accompagnées, dans le respect de la physiologie. En expliquant par la même occasion ce que signifie "physiologie", quels mécanismes naturels entrent en jeu pour permettre à un bébé de s'extraire du ventre de sa mère.
J'ai visionné le documentaire Entre leurs mains, avec beaucoup d'émotions, lors de la diffusion de jeudi 2 janvier à 22h30.
On y voit des sages-femmes passionnées, à l'écoute des questions et des histoires des familles, présentes et discrètes, honnêtes et sécurisantes, qui se forment, s'informent et se battent, qui sont en colère de devoir plier aujourd'hui face à la pression relative aux assurances* ; mais dont la seule préoccupation reste de proposer aux parents qui le souhaitent la possibilité d'une naissance intime et respectée.
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[* A propos des pressions faites aux sages-femmes pratiquant l'accouchement à domicile, je vous renverrai vers ces deux liens :
- la pétition Nos sages-femmes assurent, assurez-les !
- un article de ma copine Carolacheche : Ma liberté d'accouchern à domicile, c'est aussi TA liberté de femme.]
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De ce film, je retiens en particulier l'accouchement de l'une des patientes qui a accepté d'être filmée - de façon très pudique et dans la pénombre, je le précise.
D'une part parce qu'elle a mis au monde son bébé dans l'eau et que la scène m'a donné l'impression d'assister à la naissance de l'Iroquoise, du point de vue de spectatrice que je n'ai pas pu avoir. Et oui, ça m'intrigue encore, quand j'y pense, d'imaginer à quoi pouvait ressembler ce moment vu de l'extérieur, comment pouvait se peindre sur mon visage et dans mon attitude la puissance indescriptible qui m'a traversée lorsque ma fille a achevé de quitter mon ventre.
D'autre part parce que l'un des premiers mots de cette femme, quelques secondes après avoir mis au monde son enfant, a été "merci". Un merci ému adressé à sa sage-femme. Parce qu'elle mesurait certainement avec la plus grande acuité possible, à cet instant, qu'elle n'aurait pas pu vivre un tel accouchement et de telles émotions sans la volonté de cette professionnelle d'accompagner les parturientes "autrement". Je me souviens avoir ressenti le même élan de gratitude envers ma sage-femme, convaincue d'avoir été actrice, grâce à elle, du plus bel accouchement dont je pouvais rêver.
Car aujourd'hui, malheureusement, si une femme veut être certaine d'etre libre de ses gestes jusqu'au bout de son accouchement, qu'elle veut être maitresse de son corps en accouchant - et non "être accouchée", elle doit être particulièrement informée et motivée. Combien de récits ai-je lu, à commencer par la naissance de mon premier enfant, de femmes dont les choix initialement approuvés n'avaient pas été respectés le jour J, ou qui, tout simplement, ne s'attendaient pas à ce qu'elles ont vécu ce jour-là.
Il y aurait de quoi en faire des pages à ce sujet mais comme l'évoque l'une des sages-femmes dans le documentaire, combien de femmes (d'hommes aussi mais ils sont moins concernés dans leur corps) se font de l'accouchement, bien malgré elles, une image basée sur ce que l'on voit dans les films : perte des eaux, contractions immédiates, cris et hop, expulsion dans le 1/4h qui suit, allongée sur une table les jambes écartées...
Franchement, si toutes les femmes enceintes pouvaient également visionner Entre leurs mains avant d'accoucher, je pense qu'elles aborderaient cette étape très différemment.
Cela n'empêche pas de vouloir la péridurale, d'accoucher en milieu hospitalier parce qu'on n'a pas le choix ou qu'un environnement médicalisé nous rassure mais au moins, toutes les femmes sauraient.
Je n'ai guère le temps de faire plus long et je déborde un peu mon objectif initial, à savoir vous présenter ce court-métrage, alors je vais m'arrêter là.
Si vous n'avez pas la télé (ou qu'elle est occupée), vous pouvez également le voir en direct sur le site de la chaîne.
Ensuite, le documentaire sortira en DVD. Et il me semble que l'équipe du film continue à chercher de nouveaux lieux de diffusion.
A suivre...