Certaines personnes - pas celles qui me connaissent le mieux ni celles qui sont les plus proches de moi, me semble-t-il - disent que je suis quelqu'un qui va au bout des choses. Une ancienne collègue m'avait dit un jour, en substance, que lorsque j'avais décidé quelque chose, je fonçais et le mettais en oeuvre (faut dire qu'à l'époque, la construction de ma future maison me passionnait plus que mon job !).
Je me souviens avoir eu l'impression qu'elle parlait de quelqu'un d'autre.
Au quotidien, il n'y a pas plus éparpillée que moi. Je gère de nombreuses choses - comme tout un chacun - et plutôt de façon sérieuse mais je suis incapable de faire quoi que ce soit en partant d'un point A et en allant directement à un point B. Je ne suis pas spécialement un processus logique avec des étapes claires et chronologiques.
En fait, je résonne par association, j'agis par impulsion, j'approfondis l'étape C avant l'étape A si elle m'inspire davantage, et sitôt que la verve, l'envie ou l'inspiration sont passés, j'abandonne là ce qui m'occupait.
Ca ne m'empêche pas d'y revenir plus tard mais si je n'y reviens pas, ladite ébauche peut alors rester là où elle a été entamée pendant des semaines, voire des mois. C'est valable pour les projets d'écriture comme pour le rangement, pour la réalisation d'une recette, pour tout. Il n'y a qu'à voir le nombre de piles de documents divers qui jonchent à peu près tous mes meubles. Hem...
Le rangement ou le ménage étant vraiment l'exemple type. Si je commence à ranger la cuisine, je vais tout à coup me rendre compte que j'ai besoin que l'évier soit vide et donc projeter de faire la vaisselle, avant de réaliser qu'il faudrait que j'aille d'abord chercher tout ce qui doit être lavé. Je vais donc monter chercher le biberon qui traîne dans une chambre puis, voyant autre chose, je vais me lancer dans le rangement des chambres, le nettoyage du lavabo, du tri sur la commode. Je redescendrai ensuite le biberon mais aussi des cintres, que j'irai ranger dans la buanderie. De là, je me mettrai alors à étendre la machine qui est terminée. Je m'arrêterai en cours pour débarrasser l'étendage de la machine précédente. En portant le panier de linge propre dans le salon, je me mettrai à ranger les jouets sur le canapé pour pouvoir y poser le panier (puis dans toute la pièce).... Pendant ce temps-là, la cuisine sera restée en suspens et il se peut que je décide ensuite d'aller vaquer sur l'ordinateur ou qu'arrive l'heure d'un rendez-vous quel qu'il soit.
Bref, je suis éparpillée. Au boulot, je faisais des listes de choses à faire mais je ne les clôturais jamais. J'en entamais d'autres quand de nouvelles tâches s'ajoutaient et j'abandonnais la première liste quand j'avais fini d'y rayer l'essentiel, laissant à l'abandon 2 ou 3 points que je n'avais pas franchement envie de réaliser, finalement - je n'aime pas les contraintes non plus.
Pourtant, il y a des décisions que je mène sans peine jusqu'au bout. Peut-être parce qu'elles émanent vraiment de moi et sont le signe d'une envie profonde - il ne s'agit pas d'une tâche professionnelle rébarbative et imposée ou d'une tâche "nécessaire" comme le ménage.
L'exemple pris par ma collègue était celui de mon "planning" de vie personnel. C'est-à-dire que j'avais décidé que dès que j'aurai un poste (à peu près) stable (un CDD en l'occurrence), j'achèterais une maison (Mr Sioux avait heureusement un CDI). Puis j'aurais un bébé... et ensuite un 2e, sans trop tarder ! J'ai d'ailleurs eu la chance qui rien ne vienne enrayer ou ralentir mes projets, d'ailleurs (mais c'est un autre sujet).
Je ne l'avais jamais affiché en 4 x 3 dans le bureau que nous partagions mais, visiblement, mes propos au fil du temps avaient rendu ce planning identifiable par ma collègue.
Et c'est vrai. Même si mes prévisions et mes voeux ont évolué au cours des années (ajustés suite à la rencontre de Mr Sioux, il y a 7 ans), j'ai respecté l'ordre dans lequel j'espérais franchir certaines étapes.
Quand on sent qu'on a bien fait d'aller au bout de ses "plans"...
Or finalement, il y a une étape que je ne franchirai pas l'an prochain, comme je l'avais imaginé - dans mon beau plan quadriennal (sic). C'est celle du mariage.
Et au vu de la situation actuelle dans ma famille - pas notre tipi de 4, mais au-delà -, ça tombe plutôt bien. Le mariage aurait fait un peu tâche, il n'aurait certainement pas été célébré avec toute la liesse habituellement associé à un tel évènement.
Heureusement, il y a d'autres projets qui apparaissent en cours de route, qui viennent se greffer au plan initial et qui le rendent encore plus vivant.
Je ne sais pas ce que sera mon activité professionnelle dans 6 mois, 1 an, 3 ans mais en attendant, je prends tant de plaisir à la construire, à me former, à chercher des solutions pour la rendre réalisable et confortablement "articulable" avec le reste... que la motivation ne me quitte pas (ou si rarement). Je suis remplie d'espoirs, je me sens débordée par tous les conseils et les informations pertinentes que je glâne, je suis un peu frustrée de ne pas avoir suffisamment de temps pour tout mettre en oeuvre et tester tout de suite mais finalement, force est de constater que j'avance. Et que ça me plaît toujours !
A tel point que l'autre jour, ma mère m'a confié qu'elle admirait le temps et le mal que je me donnais pour rendre ce projet réalisable et pour le construire pas à pas. Cela m'a d'autant plus touchée qu'il y a encore 2 ou 3 mois, elle le considérait plutôt peu réaliste ou conciliable avec ma situation de famille.
Il n'est écrit nulle part que je n'y arriverai pas - ni l'inverse d'ailleurs - mais contrairement à d'autres projets qui me tiennent pourtant à coeur en apparence (écrire un livre, au hasard !), j'ai la ferme intention d'aller au bout de CETTE chose.
J'en fais en quelque sorte mon 3e bébé, je suis heureuse de construire cette activité de mes mains - même s'il ne s'agira que de ma petite activité, parmi de nombreuses autres semblables.
Et en même temps pas si semblables, à en croire notre formatrice en "force de vente", car c'est à moi d'identifier et de mettre en valeur ce qui rendra mon approche unique, qui permettra à mes futurs clients de travailler avec moi par choix, "en conscience" - aujourd'hui, je ne crains pas les grandes envolées lyriques, comme vous pouvez le constater.
Je porte mon projet et je me sens portée par lui. Ensemble, nous pouvons dire que nous irons au bout, au fond de cette chose.