J'ai plusieurs cordes à mon arc : mère épuisée mais comblée (de Pti Tonique 3 ans et l'Iroquoise 16 mois), rédactrice Web indépendante, squaw libérée, concubine intermittente (quand il nous reste 5 min), cuisinière de trucs rapides qui prennent toujours plus de temps que prévu, écrivaine à la plume de vautour, chevaucheuse de bisons dans les plaines autour de Lyon.
Depuis quelques temps, je comprends mieux ce que certains parents, qui avaient fait le choix de s'arrêter à deux enfants, me disaient avant : "Tu verras, deux, c'est déjà du boulot !"
Comme d'habitude, je me croyais au-dessus du lot - parce que MOI, j'étais réellement et fermement décidée à l'avoir, ma famille nombreuse.
Bin ça n'est pas aussi simple - heureusement, sinon on s'ennuierait et notre route serait toute tracée tu me diras.
Deux, si petits, rapprochés, c'est vraiment dur.
Enfin, quelque soit l'écart d'âge (à part peut-être un gros écart d'âge, qui permet au moins de compter sur une véritable autonomie de l'aîné), je suis pas sûre que ça soit moins dur.
Passer de 1 à 2 enfants, c'est à nouveau un apprentissage considérable - et douloureux. L'apprentissage de la multitude : être toujours une seule et unique personne, une seule et indivisible mère, pour répondre aux attentes (souvent simultanées) des deux êtres qui nous sont les plus chers au monde : ceux que l'on ne veut ni blesser, ni voir pleurer, ni perdre une seconde pour câjoler lorsqu'ils en ont besoin. C'est un peu, parfois, devoir choisir. C'est souvent, enjoindre au grand de grandir - un tout petit peu, même si on avait pensé ne jamais le faire. C'est se sentir, régulièrement, coupable et démunie (même si on avait déjà pris l'habitude avec le premier !).
Etre responsable du bonheur, du sommeil et de l'accomplissement de deux êtres, c'est déjà pas rien. Mais heureusement, la balance est plutôt juste.
Car voir le grand protéger la petite, nous dire "Maman, je pense que l'Iroquoise voudrait ceci ou cela" et la faire rire aux éclats juste en s'agitant et en sautant avec une peluche dans les bras, ce sont aussi de petits bonheurs non négligables. Le voir s'arrêter au milieu d'un jeu pour venir embrasser le front de sa soeur, la voir imiter son frère fièrement assise dans le bain, tout cela n'a pas de prix.
Voir la complicité se tisser entre ces deux petits êtres, les interactions se faire chaque jour plus spontanées et plus fréquentes, c'est puissant, émotionnellement parlant (comprendre que ça me file souvent un sourire béat, dans ces moments-là).
Et pourtant...
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A la même époque il y a 2 ans, avec un Pti Tonique qui ne faisait pas ses nuits et ne supportait pas d'être posé plus de 5 min, Mr Sioux et moi abordions déjà le "quand met-on en route le 2e ? maintenant ou tout de suite ?!!". Heureusement, HEUREUSEMENT, (sur ce coup-là et en ce qui nous concerne) la nature était bien faite et avec le recul, je trouve salvateur que mon retour de couche ait tant tardé.
Aujourd'hui, l'idée de tomber enceinte par accident, ce qui ne m'est jamais arrivé mais m'a toujours fait éprouver de doux frissons d'aventure et d'excitation, me fait tout simplement paniquer.
Je ne me suis pas encore remise des douloureux et pesants maux de cette dernière grossesse, j'ai un besoin avide de temps pour moi, de les regarder grandir et d'en profiter, vraiment. D'avoir le temps de voyager avec deux petits en âge de galoper et profiter tous les deux [ô la belle image qui me vient et me rend toute guimauve... de mes deux petits bouts gambadant sur un chemin de montagne, Pti Tonique enjoignant sa soeur de le suivre - ou l'inverse ? - et celle-ci désignant ou nommant tout ce qui l'entoure...], d'avoir le temps de nous aimer et le bonheur de retrouver nos enfants après les avoir confié l'espace de quelques jours.
Besoin de temps, tout simplement.
Hier soir encore, en regardant mon profil dans la glace, je me disais que mon ventre aussi semblait avoir besoin de temps. Les vergetures commencent à peine à s'estomper mais la fermeté est loin d'être retrouvée. Quant au plaisir de s'habiller sans prise de tête pour cause d'allaitement et de pantalons qui ne ferment pas encore, j'aimerais avoir le temps de le retrouver et de le savourer.
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Tout ceci est normal je pense et il faut croire que c'est nécessaire et passager parce que malgré tout ce que je viens d'écrire, il m'est impossible de tirer un trait sur l'envie du petit 3e.
D'ailleurs, une amie twitterienne me disait l'autre jour que le passage de 1 à 2 lui avait paru plus douloureux que celui de 2 à 3. Est-ce dû à cet "apprentissage de la multitude", à cette habitude qu'il faut acquérir de se diviser, de soulager, porter et consoler en simultané, au fait de devoir accepter de ne vraiment plus avoir de temps pour soi tant qu'il ne fait pas nuit et qu'ils ne sont pas couchés (et encore, me direz-vous) ?
Et si je conçois qu'il est normal (et plutôt salvateur) de ne pas avoir envie d'un nouveau bébé 6 mois après en avoir mis un au monde, j'avoue que je suis un peu perturbée par le fait de me sentir (presque) "déjà" comblée avec seulement 2 enfants. Alors le petit 3e va attendre, un peu, mais combien de temps ? Quand je vois combien la grossesse m'a épuisée et que j'ai peu de goût à y replonger, j'ai peur de ne plus jamais avoir le courage de me lancer... (si seulement on pouvait passer directement de la procréation à l'accouchement !! - oui, par contre, j'ADORE accoucher... chacun ses trips hein ?!)
Nous verrons hein. Je ne me mets pas la rate au court-bouillon avec ces questions, je n'en ai de toutes façons pas le temps (ah si seulement !). Mais je souhaitais conserver une trace de ces questionnements qui m'habitent un petit peu, aujourd'hui.
En attendant... Ô parents de 2 enfants qui avaient, en conscience, décidé de vous arrêter là : sachez que je vous comprends tellement mieux !!!!!
Et je profite de mon passage par ici pour vous faire part de deux propositions de lecture :