Cet article constitue ma contribution aux 4e Vendredis Intellos de Mme Déjantée. Même si le thème desdits Vendredis est le "vaste domaine de l'éducation, de la psychologie enfantine mais aussi plus largement, de l'enfance", je pense que les thématiques de soins aux femmes et de grossesse qui y sont abordées impactent directement notre façon d'être mères ensuite, donc le champ de l'éducation (qu'en penses-tu Mme Déjantée, je relie correctement les domaines ou pas ?).
Actuellement et sur la recommandation de La Ptite Graine Folle qui couve, je dévore le livre "Le Choeur des femmes" de Martin Winckler. Pour être sobre et clair : ce type est un génie de la relation patient / soignant et de ce que devrait être le système de soin français, particulièrement pour tout ce qui concerne les soins faits aux femmes.
Comme il le dit en avertissement "Ce livre est un roman : les personnages, l'Unité 77, la ville de Tourmens, son CHU et les évènements qui s'y déroulent sont imaginaires. Mais presque tout le reste est vrai."
Oh oui, je peux vous dire que ça sonne dramatiquement vrai. Le récit est une fiction dont je vous livre le résumé ci-dessous, à laquelle se mêlent les voix, les récits, les anecdotes de vies de 1001 femmes. Au moins l'une de ces voix parlera à chacune d'entre nous tant les problématiques évoquées sont réelles, tant les réponses qui y sont apportées par certains médecins pressés, imbus et dédaigneux sont insatisfaisantes en même temps que parfois humiliantes.
Ce livre devrait inscrit au programme de médecine, il devrait être lu et envisagé à tête reposée par chaque étudiant qui se destine à soigner autrui, cet ouvrage devrait être imposé au même titre que la connaissance par coeur d'un cours d'anatomie. Car où se trouve le bénéfice d'engranger tant de savoir si ce n'est pour soigner humainement et restituer par des explications appropriées et respectueuses ledit savoir aux patients qui en ont besoin ?
Résumé au dos de l'édition Folio :
Je m'appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpiaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m'oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de "Médecine de la Femme", dirigée par un barbu mal dégrossi, qui n'est même pas gynécologue, mais généraliste ! S'il s'imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu'est-ce qu'il croit ? Qu'il va m'enseigner mon métier ? J'ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors je ne peux pas - et je ne veux pas - perdre mon temps à écouter les bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu'elles pourraient m'apprendre.
Or on se doute bien que Jean Atwood va apprendre des choses, ne serait-ce que parce qu'elle finira par rédiger, dans un mouvement de colère, le petit manifeste suivant, dont la thématique est symptomatique de ce que les femmes vivent aujourd'hui, tout en ne constituant qu'une infirme partie de toutes celles extrêmement pertinentes qui sont abordées dans ce livre :
Aujourd'hui les femmes ne se plient plus aux désirs des hommes.
Elles ne devraient plus se plier aux diktats des médecins !!
Aujourd'hui, en France, les femmes ont le droit de vote, elles sont majeures et responsables au même titre que les hommes. Elles ont les mêmes droits et les mêmes obligations devant la loi. Elles décident seules d'avoir des rapports sexuels ou de les refuser, de prendre une contraception, d'avorter, d'enfanter ou de se faire stériliser. Personne n'a le droit de les asservir ou de les infantiliser.
Aujourd'hui, pourtant, lorsqu'elles sont enceintes ou ne désirent pas l'être, lorsqu'elles veulent pratiquer un dépistage du cancer du col ou faire soigner un symptôme gynécologique, les femmes sont encore systématiquement contraintes de s'allonger sur le dos, cuisses écartées, sexe exposé, dans une position humiliante imposée par les médecins sans aucune nécessité médicale.
La posture dite "à l'anglaise" (sur le côté, ou "en décubitus latéral") permet tous les gestes gynécologiques courants ; elle permet également de procéder à des accouchements en toute sécurité, si la femme le désire ; dans de nombreux pays du monde, c'est dans cette position que les femmes sont examinées, soignées ou accouchées. Dans cette même position, elles peuvent choisir de voir, ou non, ce que les médecins leur font.
J'ai bien l'intention de me pencher sur les autres ouvrages de Martin Winckler et si ça vous dit, je vous en ferai part le moment venu.
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