J'ai plusieurs cordes à mon arc : mère épuisée mais comblée (de Pti Tonique 3 ans et l'Iroquoise 16 mois), rédactrice Web indépendante, squaw libérée, concubine intermittente (quand il nous reste 5 min), cuisinière de trucs rapides qui prennent toujours plus de temps que prévu, écrivaine à la plume de vautour, chevaucheuse de bisons dans les plaines autour de Lyon.
Suite à une discussion twittesque (encore !), ma copine Carolacheche et moi avons partagé notre "soulerie" (ce mot sera dans le Robert l'année prochaine, c'est une avant-première... en attendant, ils ont laissé "exaspération" si tu connais) mutuelle pour la passion footeuse de nos hommes.
Et franchement, ça vaut le coup de vous faire partager ça.
Caro s'étant attelée la première à la narration de son enfer quotidien (comment ça j'en rajoute ?), je vous laisse en sa compagnie, pour découvrir l'envers du décor de la vie avec un footeux (c'est quand même moins pire qu'être la femme de Ribéry (et ce à tous les niveaux), je vous rassure...) (je fais des parenthèses dans les parenthèses moi maintenant, je vais devenir carrément illisible si je continue).
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Soyons honnêtes, nous les filles, on est toujours à la recherche du prince charmant. Et bien moi... je l'ai trouvé ! Le genre de mec toujours aux petits soins, attentionné, aimant, charmant, celui qui te ramène des fleurs un mardi juste comme ça parce qu'il t'aime. Ah ça pour t'aimer il t'aime, tu n'en doutes pas une seconde tellement il te le dit, te le montre, te le prouve... Sa passion dans la vie : toi ! Son projet pour plus tard : fonder une famille. Il est beau le tableau hein ?!
Et bien moi un matin après 6 ans de pur bonheur je me suis réveillée en me disant « Ma chérie (Cristina Cordula sort de ce corps) ce mec est le gendre idéal mais qu'est-ce que tu te fais chier! ». Elle avait raison Cristina ! Ni une ni deux... « Chéri je te quitte, le voisin et son air pourrave, il m'attire plus que toi ».
Oui parce que ce fameux voisin, j'avais beau le croiser quotidiennement dans son costume 3 pièces, va savoir pourquoi, le soir il se transformait en espèce de kéké des villes en survêt', maillot de foot et dernières baskets à la mode... Alors que moi je suis plutôt du genre « Marie-Chantal » escarpins, collier de perles (d'ailleurs si t'es sage un jour je t'expliquerai mon pseudo @CaroLaCheChe).
Bref, revenons à notre histoire... Quelques verres plus tard me voilà dans les bras du voisin. Je te la fais vite, depuis on a aménagé ensemble, on s'est marié, et on a même fait un bébé. Et pourtant si je m'arrête là, c'est oublier une personne TRÈS importante dans notre vie.
Mais si... tu sais bien ! Cette personne que tu détestes, qui monopolise ton mec plusieurs soirs par semaines et même le dimanche.
Sa mère !!!! Ah oui ça marche aussi...
Non en fait je pensais au FOOT !
Avant de le rencontrer j'avais plusieurs idées reçues sur les footeux... Tu verras ça s'est pas arrangé.
Franchement c'est quoi ce sport où 22 gars courent après un ballon ?!
Ça porte des serre tête et crache à tout va sur la pelouse.
Ça fait le beau gosse en boite le samedi soir alors qu'il est blessé le lendemain pour le match.
Ça utilise le mot « footballistique » aux interviews d'après match, alors qu'il a insulté l'arbitre pendant 90 mn.
Ça s'effondre et roule par terre dès qu'on l'effleure alors qu'on est capable de faire un bunga bunga dès que l'un de l'équipe marque un but.
Et tout ça, cela vaut autant pour la compétition de L1 que pour la rencontre Plouc-village vs. Beauf-city.
J'ai essayé de m'intéresser au foot ne serait-ce que pour comprendre l'univers dans lequel évolue mon mec. Je me suis dit Cristina (oui j'aime bien ce prénom en fait) prends sur toi, oublies tes préjugés, tous les footeux n'ont pas le QI d'une moule (quoique... on reparle de Mario Balotelli http://www.youtube.com/watch?v=pKhySKnMdWA). Le monde du foot doit forcément avoir quelques attraits, sinon qu'est-ce qui pousserait mon homme a être abonné au Milan AC (oui oui 11 aller-retour à Milan l'année de notre rencontre WTF ! ) ?
Alors à la façon d'un anthropologue j'ai essayé de m'immiscer dans ce milieu. Mais sincèrement mon étude sociologique a très vite viré au reportage de Confessions Intimes.
Acte I : L'entraînement
Les footeux arrivent petit à petit au stade dans leurs voitures kéké boy. Pas tuning (n'abusons pas...) mais un petit fanion par ci par là, une écharpe de l'OM, la musique dance flor au taquet (et ouais je m'adapte niveau vocabulaire).
Ils se disent bonjour en se faisant la bise... oui autant virils qu'ils soient, ils s'embrassent tels des frères ou des amis d'enfance. « Ca va ou bien quoi, la famille... ouaich bien quoi ».
Après un rapide passage dans les vestiaires (tu m'excuses, mais là je ne les ai pas suivis) ils ressortent en fameux mode « pourrave » comme j'aime à l'appeler. J'entends par là un vieux short à la taille élastique plus si élastique que ça, les chaussettes à rayures qui sont censées monter à mi-mollets et qui tombent régulièrement sur la cheville. Le maillot de foot de leur équipe préférée sur lequel ils mettent un chasuble défraîchi sans forme ni couleur. Bref des pourraves !
Leur entraînement je dois avouer qu'il prennent ça très au sérieux. Sauf quand il pleut, sauf quand il y a du vent, sauf quand il fait trop chaud, sauf quand il y a un match important à la TV qu'ils ne veulent pas rater. Bref tu l'auras compris, l'entraînement sportif tel que tu l'entends, il dure pas si longtemps que ça. Mais bon... comme c'est un sport collectif et qu'ils se sont engagés pour l'équipe, même si ils passent plus de temps au club house que sur le terrain, ils ne doivent pas en rater un pour autant.
Acte II : La sortie en boite
Le footeux a une vie sociale très développée. Il a sa table dans l'espace VIP de la boite branchée du coin (tu as le droit de relativiser le terme « branchée », je te rappelle qu'on est entre beauf-city et plouc-village).
La tenue de sortie c'est la même pour tout le monde : chemise blanche, jeans de marque, timberland aux pieds, et le détail qui tue... mais grâce auquel tu reconnais d'office le footeux : le collier avec le ballon de foot pour pendentif.
La bouteille de « sky » (quoi toi tu dis Whisky ?! Oh le hasbeen) plus tard, le voilà en train de danser sur la piste à vouloir chopper la première midinette qui passe.
Acte III : Le match
Chez les footeux du dimanche, le match c'est -tiens toi bien- le dimanche. Ce qui explique souvent que le footeux n'a pas vraiment de vie de famille.
Comme les footeux observés lors de mon étude sont particulièrement nuls, ils ne se déplacent pas très loin (heureusement!). Donc au final ils affrontent des gens qu'ils connaissent forcément de près ou de loin. Mais même entre villages voisins (je précise que bien souvent ils étaient au collège ensemble, je parle pas du lycée car peu d'entre eux sont allés jusque là) ils sont capables de se battre pour un oui ou un non. Du coup on termine pas le match puisque l'arbitre décidera rapidement de l'arrêter.
C'est dommage car le footeux avait pris le soin de demander à sa pintade (rappelle toi la mini-pouf rencontrée la veille en boite) de l'accompagner pour l'encourager. Parlons-en de celle là. Tu la repères facilement... Cagole dans l'âme elle a elle aussi une grande gueule, porte uniquement des jeans « Temps des cerises », débardeur avec vue plongeante sur son wonderbra, lunette de soleil Gucci, etc... Elle te fait rêver hein notre cagole ?!
Je te passe le cliché du supporter beauf alcoolisé, qui en principe, joue également dans le club des vieux crampons.
Bon tu l'auras compris je ne me sens pas vraiment dans mon élément... et heureusement ! Car mon mec, il a beau être un footeux, il est loin de tous ces clichés. Il aime le foot et y jouer, c'est quelqu'un d'élégant, éduqué, charmant, ne se battant jamais, respectueux du jeu et de l'arbitre. Il connait les travers de ce sport et observe cela de loin. MAIS... parce qu'il y a un « mais », ça n'en est pas moins un joueur de foot. Et malgré toutes ses qualités, au quotidien c'est pas toujours facile à vivre.
Tout simplement parce qu'il n'est pas souvent à la maison. Deux entraînements par semaine plus le match du dimanche. Pour notre vie de couple c'était déjà pas cool, mais maintenant avec le bébé... J'espérais qu'il profite de l'arrivée de sa petite princesse pour stopper cette activité. Je n'avais qu'à moitié raison puisqu'il a seulement diminué le nombre d'entraînements.
Ça pourrait sembler suffisant, mais tu peux être sûr qu'il choisira le soir où bébé est énervé, ne veut pas dormir, râle pour un oui ou un non, que toi tu es fatiguée, la maison est en chantier, etc... Ce soir là, t'as juste envie d'aller poser une bombe au stade de foot ! Mais tu ne le fais pas parce que tu es trop exténuée pour t'emmerder avec une vulgaire histoire de fait divers, garde à vue, prison, tout ça... Du coup tu remballes ta fierté et t'assumes tout gentiment sans dire mot. Et là... coup de massue, ton homme rentre à 22h avec les maillots de l'équipe à laver. Et oui, c'est chacun son tour. Et forcément, ton tour tombe toujours mal !
Ce à quoi je n'avais pas pensé, c'est que le foot ne se limite pas au stade du village. Non non le foot est partout, y compris chez toi, dans ton salon (enfoiré!). Je pensais avoir gagné la guerre en interdisant Canal+ à la maison. Mais l'homme est fourbe... grâce au streaming sur internet, il peut voir tous les matches. Y compris les plus improbables ! Tu comptais te faire un bon film dans les bras de ton amoureux ?! Niet, que dalle, nada... ça sera Saint Vincent les Grenadines contre le Vatican (tu peux chercher, ça existe).
Du coup tu t'avances sur le ménage. Tu sors l'aspirateur, et là... tu te fais engueuler parce que tu fais trop de bruit et qu'il ne peut pas entendre les commentaires. Commentaires qui au passage sont en arabe ou chinois, c'est dire si c'est important qu'il les entende (va savoir pourquoi les matches en streaming sont souvent diffusés sur des chaînes du Qatar ou en Asie).
Tu l'auras compris, vivre avec un fantôme footballeur c'est pas tous les jours facile et pourtant... pour rien au monde je l'échangerais contre un autre.
En extra un petit jeu concours : si tu devines quelle est la seule occasion pour laquelle il a pleuré dans sa vie d'adulte, je me débarrasse t'offre sa collection de Onze mondial.
(NDMS je crois que je sais moi)
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Et la semaine prochaine, je m'y colle et vous dis tout de mon "footeux à moi" !
Si toi aussi tu t'es faite berner, tu es en couple avec un footeux et tu as besoin de t'exprimer, je t'offre une occasion inespérée de le faire ici : saisis-la amie de galère !
NDMS : nous acceptons aussi les récits de "footeux de canapé", qui même s'ils n'ont pas d'entraînements ou de matchs, peuvent te pourrir la vie avec le foot tout autant !