Ma mère trouve que mon fils a un comportement tyrannique.
Moi, je trouve qu'il est OVER demandeur et angoissé au sujet de plein de choses.
Mais c'est vrai qu'il faut toujours être à sa disposition, faire être et parler avec lui partout, tout le temps.
Niveau de langage et de curiosité : 10
Niveau autonomie de jeu : 0.
En novembre, avant de signer un arrêt de travail repoussant ma reprise d'1 mois, ma généraliste (homéopathe et écoutante, qui cherche ailleurs que dans les symptômes) m'a dit:
"En fait, vous vivez pour vos enfants"
Moi, j'ai rétorqué : "je dirais plutôt que je les fais souvent passer avant mes besoins vitaux".
Moi je croyais que c'était ça, le job.
"Total abnégaïcheune", here I am !!
Elle m'a (gentiment) répondu que j'aurais besoin d'être un peu plus égoïste en fait, parce qu'une mère qui ne tient plus debout et craque, ça n'est pas bien utile quoi (je paraphrase).
Moi, j'ai l'impression que si je fais attendre 2 ou 3h mon envie d'aller faire pipi, c'est pour éviter que ma fille ne pleure toutes les larmes de son corps en me voyant m'éloigner de son parc, ou pour prendre le temps d'un jeu en tête à tête avec mon grand, vite vite pendant la petite 1/2h de sieste que nous octroie sa sœur.
Moi, j'ai l'impression d'avoir juste toujours cherché à répondre aux besoins vitaux et affectifs de mes enfants, à leurs besoins de temps partagé avec leurs parents - malgré la fatigue, le repas à préparer et la machine à étendre.
Pourtant, on a dû se planter quelque part parce qu'on n'y arrive plus - enfin surtout moi parce que le mercredi, je suis clairement la plus concernée, parce que mon fils s'exprime et se conduit parfois avec un autoritarisme qui me déroute et me déplaît.
Et ça m'en coûte de dire ça.
Et ça m'emmerde d'admettre qu'on a dû merder quelque part mais pourtant...
Il y a mes carences (je ne pensais pas que mon éducation m'en avait laissé tant que ça mais mes émotions à l'égard de mes enfants les rendent extrêmement palpables), il y a mes failles. Celles qui forgent mes craintes et mes analyses, qui influent sur ma compréhension de leurs besoins et de leurs demandes.
J'ai le dos cassé, les mains fissurées, le corps qui crie à l'aide.
Il y a la fatigue, les nuits hachées, l'angoisse du prochain réveil, la crainte de la réaction de mon fils à chaque limite ou "non" posés.
Et je serre les fesses, je serre les dents, je m'efforce de garder ma ligne, ma cohérence. Sauf qu'il faut aussi savoir "lâcher prise" paraît-il, pour ne pas péter un plomb : oui mais quand, comment ? Trop, trop peu ?
Depuis 2 mois, j'essaie d'apprendre à être égoïste, principalement au dépend de mes enfants. Oui, "à leurs dépends", c'est comme ça que je le ressens, c'est dire à quel succès cela est voué...
Et de fait, je n'y arrive pas.
Alors le mercredi, souvent, je me sens borderline.
En mots, en cris, je crains ma violence.
En paroles, en explications, je quémande plus de coopération, de patience. J'exige plus de politesse, moins d'infractions (tout en étant admirative de l'ingeniosité déployée, pas évident de rester droite dans ses bottes).
J'apaise des pleurs, je câline, je pare au plus pressé, au plus "jeune".
J'ai envie de tout lâcher, de hurler un bon coup quand la fin de la journée est venue. De prendre un congé sabbatique de ma "parentalité".
Je fais travailler mes nerfs.
Je cherche ma solution, mon équilibre.
Je suis au bord des limites.