A l'arrivée de Pti Tonique, j'ai été comblée de bonheur et d'émerveillement permanent... mais aussi de stress (post-traumatique ?). Je suis entrée avec fracas dans le monde des parents, ces gens pépertuellement aux aguets, qui ne dorment que sur une oreille (voire ne dorment pas du tout) et ne sont plus jamais tout à fait tranquilles - émotionnellement parlant.
Les premières semaines de Pti Tonique ont été extrêmement éprouvantes, d'une façon que je ne saurais décrire. Il ne dormait que par plages de 20 minutes maximum. Parfois, j'arrivais à le poser dans son berceau pour ce faire mais je n'osais m'autoriser à entreprendre quoi que ce soit car je savais que dans les 10 minutes maximum qui allaient suivre, il se réveillerait.
Dès que j'entendais le moindre bruit, couinement, respiration de travers, je me précipitais au-dessus du berceau pour voir s'il était réveillé ou non, ce qui aurait pu le gêner et s'il allait bien. J'étais incapable de l'entendre chouiner plus d'une demi-seconde sans y aller. Je me disais que s'il pleurait, c'est qu'il avait forcément besoin de quelque chose, d'être rassuré, de manger, de 'nimporte quoi que j'allais chercher à lui donner immédiatement, quel que soit mon état de délabrement fatigue et l'heure du jour ou de la nuit.
Petit à petit, j'ai appris à attendre 1 minute ou 2 avant d'aller le voir. J'ai aussi appris à le faire dormir sur moi la journée pour avoir 1h ou 2 de silence (de tranquillité, ç'aurait été beaucoup dire puisque j'étais quand même lestée d'un poids non négligeable et un peu "encombrée" pour agir librement). Même sur moi dans le porte-bébé, je guettais les moindres soupirs, changements de position, sursauts, signifiant qu'il était en phase de réveil et qu'il n'allait pas tarder à crier à nouveau ; je me dépêchais alors de marcher à nouveau selon le rythme adéquat pour qu'il dorme encore quelques minutes, pitié.
Lorsque nous avons commencé à le coucher seul dans son lit - et donc à ne plus se coucher en même temps que lui en cododo -, nous étions à nouveau aux aguets de ses pleurs. Nous respirions d'être enfin seuls quelques minutes (1h peut-être ?) tout en ayant conscience de l'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, ce qui m'empêchait pour ma part d'en profiter vraiment et de faire quoi que ce soit de constructif de mon temps libre.
Cette sensation de vivre suspendue à ses pleurs m'est restée très longtemps - et n'est pas encore tout à fait dissipée... le sera-t-elle un jour ?
J'appréhende toujours un peu la venue du soir - a fortiori lorsque je suis seule avec bébé. Je suis heureuse de retrouver mon fils le soir quand je vais le chercher chez la nounou, j'attends ce moment avec impatience toute la journée ; je profite de lui, je m'extasie chaque soir en le voyant évoluer, téter, rire, me suivre et m'appeler "Maman" à tout bout de champs. Puis après le repas, j'attends avec impatience le moment où il sera couché, pour profiter de mes 2h de temps libre nocturne et avoir l'imrpession de faire quelque chose pour moi dans la journée (bien souvent, cela signifie manger et blogguer, éventuellement regarder un peu la télé). Mais là encore, tout peut s'arrêter net à n'importe quel moment. Cela m'angoisse moins qu'avant parce qu'à présent, sauf maladie, soit il se rendort seul après avoir poussé 1 ou 2 grands cris dans son sommeil, soit il est assez facile de le rendormir en le prenant dans nos bras et en marchant pendant 10 minutes puis de le reposer délicatement dans son lit.
Lorsque je dois sortir faire des courses avec lui, je suis beaucou plus sereine qu'avant parce qu'il ne pleure plus sans raison apparente. Je possède à présent un meilleur radar pour détecter les soirs où il vaut mieux rentrer à la maison que d'aller faire les courses pour qu'il râle tout le long, je possède des armes qui fonctionnent bien (quignon de pain, paquet de mouchoirs, doudou)... mais je sais aussi que parfois, rien ne marche. Alors j'appréhende toujours un peu quand je vois la queue à la caisse, que je sens que je vais devoir ruser et sautiller avec Pti Tonique dans le Manduca pour ne pas qu'il s'impatiente trop. Rien n'est plus jamais simple ou prévisible.
Par contre, lors de balades qui vont prendre la journée ou lors de week-ends a droite a gauche, je reste angoisée par le fait qu'il n'aura pas fait sa sieste - et beaucoup plus brièvement que d'habitude puisque ls conditions ne permettront pas de faire mieux, qu'on ne va pas pouvoir le faire jouer aisément dans un endroit délimité comme a la maison - il sera donc beaucoup plus difficile de l''occuper et l'un de nous ne profitera pas vraiment de la sortie car il sera occupé à redoubler d'imagination pour divertir notre fils (fatigué et n'ayant pas bien dormi de sucroît).
Tout reste en permanence suspendu à notre bébé, à ses angoisses, à ses envies, à ses besoins. Ca n'est pas de tout repos, c'est un état d'esprit parfois difficile à accepter lorsque l'on aimerait tellement pouvoir lâcher prise ne serait-ce que quelques minutes. C'est la raison pour laquelle j'ai très mal vécu mes premiers jours de retour à la maison après l'accouchement.
Alors on mobilise toute notre énergie, tout notre amour, on regarde attentivement notre enfant et on se dit combien il est merveilleux, combien il en vaut la peine. Et on se relève, et on prend soin de lui patiemment, et on se détend autant que notre statut de parent nous le permet - en sachant que l'on est toujours "d'astreinte", quoiqu'il arrive.
Jamais de repos.
Mais sans ça, jamais un tel bonheur ne serait entré dans nos vies.