Parmi les 3 formations que je suis depuis septembre, la plus conséquente est celle à la création d'entreprise : 25 jours répartis sur 4 mois.
Le principal atout de cette formation, c'est son format : un groupe de 8 personnes maximum. En ce qui nous concerne, nous avons commencé à 7 : 5 hommes et 2 femmes. Au bout de 3 semaines, l'un des participants est parti, parce qu'il avait retrouvé un emploi salarié. Il s'agissait de l'autre femme.
Nous sommes 6 à présent, moi et 5 autres hommes. Je n'ai pas l'habitude de considérer les choses sous cette dichotomie de genre mais c'est important pour la suite.
L'autre atout de cette formation, c'est sa durée. Ainsi, nous ne repartons pas seulement avec de belles présentations Power Point et de magnifiques méthodes sous le bras : nous les mettons en application, cas par cas. Nous étudions et questionnons le projet de chacun, chaque jour. Autant dire que l'on avance vraiment, d'autant plus si l'on considère le 1er atout évoqué : le faible effectif.
Ceci pour dire que depuis octobre, nous nous sommes pas mal vus, ces porteurs de projet et moi. C'est une relation singulière qui se crée, à mesure que nous détaillons nos parcours, nos ambitions, nos projets de vie, nos failles, nos "axes de progrès" comme on dit pour positiver.
Chacun des formateurs a le don pour créer, à sa façon, une atmosphère de confiance et de bienveillance.
J'apprécie cette petite bulle que nous nous sommes créés, dans laquelle nous nous retrouvons 2 à 4 jours par semaine, dans laquelle nos projets prennent forme, s'affinent, se font beaux pour leur naissance. Et j'ai presque un pincement au coeur en pensant à la fin de la formation. J'ai envie de garder contact avec ces gens et de savoir ce qu'ils (et leurs projets) deviendront.
Ce qui ne paraît pas impossible puisque nous constituons à présent un réseau parmi les différentes branches du réseau que chacun de nous possède. Et également parce que nous serons certainement amenés à faire appel aux services des uns et des autres, croisant les compétences pour le bénéfice de chacun.
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L'autre jour, tandis que nous discutions du rythme de travail de l'un de mes "camarades" (ça m'amuse de les appeler comme ça, d'autant plus que certains d'entre nous, qui avons des enfants en bas âge, leur expliquons que nous sommes actuellement à l' "école" nous aussi, mais une école pour les grands), je comprends qu'en plus d'habiter relativement loin de notre lieu de formation, il commence ses journées bien avant 9h, heure de démarrage de la formation.
Il gère d'autres projets en parallèle et pour cela, il arrive tôt dans le coin, se rend sur des chantiers, passe des coups de fil en buvant un café dans un bar et enfin, nous rejoint. Son collègue plaisante en disant que son ami dort assez peu (j'ai deux "camarades" qui montent un projet en association) et a donc du temps pour gérer ces multiples activités.
Tout à coup, une pensée me vient, à peu près sous cette forme "Attends, s'il quitte la maison à 6h tous les matins et n'est pas de retour avant 18h ou 19h, qui gère la logistique et les enfants ?" (même s'il n'a qu'un seul enfant jeune en l'occurrence).
REPONSE : "Bin ça doit être Madame, tiens !!".
Peut-être pas hein. Je ne sais pas, je spécule. Mais bon, même si Madame a une activité pro aussi et que quelqu'un gère leur fils après l'école, ils n'ont sans doute pas une personne à domicile qui s'en occupe dès 6h du matin... CQFD !
Oui oui, je spécule à fond, je sais. Peut-être qu'une répartition équitable des tâches est faite et que Mr prend sa part les jours où il n'est pas en formation, les week-ends ou que sais-je (mais j'en doute, étant donné ce que je sais de son planning). Je ne suis pas en train de lui faire un procès, d'autant plus qu'il paraît "moderne" pour ce que j'en vois et qu'il est fort sympathique !
Il s'agit simplement d'un constat, une mini révélation.
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Quand on décide de monter son activité, qu'il y a tout à construire, de A à Z, je constate que toutes les parcelles de temps disponible sont bonnes à prendre... et même le temps indisponible ! Il n'y a qu'à voir combien la cuisine m'intéresse peu en ce moment et le fait que je n'ai pas allumé la télé le soir depuis des semaines.
Je pense à ma to do list nuit et jour. Je cogite et respire mon projet en permanence : quand je gribouille des idées de logos sur le même brouillon où ma fille s'exerce à manier le crayon, quand je discute avec des amis branchés Web et glâne toutes les infos possibles même sur mon temps de "loisirs", quand je vois que la liste des idées cadeaux cotoie celle des idées boulot sur mon appli Color Note (merci Misty pour la suggestion d'ailleurs !).
Et pourtant, je suis toujours à la MAM à 17h45, je fais toujours à manger avec un enfant assis sur le plan de travail et l'autre sur le bras gauche, avant de monter au bain fissa puis de redescendre avec deux mini aussi propres que fatigués pour finaliser le repas dans une ambiance "chouine", en priant pour que la relève ne tarde pas trop, pour une fois.
Une fois tout le monde couché, je me rue sur mon ordinateur avant de ne plus être capable de produire quoi que ce soit et j'essaie d'avancer 1 truc ou 2. Je me couche invariablement à un horaire toujours trop proche de 0h quand on sait qu'un réveil nocturne au moins nous attend... et que le réveil sonne tôt.
Je ne dis pas tout cela pour qu'on me plaigne, nous devons toutes être des "superwomen" aujourd'hui, de toutes façons.
Simplement qu'en début de semaine, tout à coup, je me suis demandée quelles charges familiales pesaient vraiment sur les épaules de mes 5 camarades masculins et à dans quelle mesure ils étaient libres de se consacrer à leur projet...
Je suis bien contente de continuer à profiter de mes petits bouts quelque soit ma situation. Je garde d'ailleurs mon mercredi pour eux, même en tant qu'indépendante (enfin, en théorie. On verra bien à quoi je consacrerai mes soirées et peut-être des bouts de mes week-ends quand j'aurai pris le rythme de croisière).
Juste qu'une fois encore, je me pose la question de l'égalité hommes/femmes et de la lenteur avec laquelle les mentalités évoluent, les priorités s'organisent dans le couple. Je sais qu'il existe aussi des "temps de vie" : ponctuellement, on soutient Mr et son projet et dans quelques années, ça sera Mme si elle entreprend aussi un projet professionnel dont les débuts sont chronophages... Cela existe (ça me fait penser à ma lecture des 200 astuces de Maman Travaille) mais dans la plupart des cas, j'y crois moyennement.
Quand je vois notre ratio hommes/femmes dans cette formation, je me questionne.
Y'a-t-il vraiment moins de porteuses que de porteurs de projets ? Les femmes sont-elles plus prudentes, ont-elles moins d'idées et d'aspirations... ou bien choississent-elles davantage des emplois dont les horaires seront compatibles avec leurs obligations familiales ?
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Aparté : hier soir, Mr Sioux se désespérait en réalisant qu'avec ses horaires et les trajets domicile-travail assez chronophages, il ne serait jamais à la maison pour aider nos enfants à faire leurs devoirs.
Ca plus une certaine désillusion quant à l'immobilisme des entreprises et à leurs valeurs passéistes de présentéisme, rétention d'informations et autre réunionite... je crois qu'il couve quelque chose !
PS : Vous l'aurez remarqué (mais vous me connaissez bien maintenant, n'est-ce pas ?), cet article n'a de "brève" que le nom !