J’avais commencé à en parler hier chez Faithfullyyours. Du coup, je cogitais dans ma voiture à la magnifique introduction que ça m’avait amenée à faire pour ledit article et je réalisais un truc.
Pour tout vous dire (tant pis pour le glamour), j’ai souffert de constipation chronique (putain, ce que ce mot peut être moche !!! je l’ai en horreur) toute ma vie. De ma naissance, où ma mère faisait mes biberons à l’eau d’Hépar (le magnésium vous savez, paraît que c’est bon pour les intestins paresseux), jusqu’à mon accouchement.
Mais vraiment, le truc chronique de chez chronique. Au point que les histoires d’alimentation riche en fibres, de boire beaucoup et de faire de l’exercice, ça n’a jamais eu le moindre impact sur le problème (c’est vrai que j’ai jamais beaucoup forcé au niveau de l’exercice physique non plus). J’ai même été hospitalisée une fois, à l’époque du lycée. Les médicaments visant à faciliter le transit (les laxatifs quoi… encore un mot si doux à mon oreille !), j’en ai pris régulièrement à partir de ce moment-là, par périodes. Jusqu’à ce que ça ne fasse plus beaucoup d’effet…
J’en ai souffert pendant 26 ans, des tas de moments-clés de ma vie se trouvant guidés par cette difficulté, cette douleur parfois, cette lourdeur souvent, qui m’empêchait de me sentir libre dans mon corps et dans le déroulement de certaines activités.
Pendant ma grossesse, j’ai eu la chance de souffrir assez peu, du moins pour ce qui est des maux « classiques » de la grossesse. Par contre, ma constipation s’est réellement intensifiée, me gâchant souvent le plaisir supposé total de ces 9 mois – des douleurs en bas du dos m’ont aussi fait pleurer quelques fois mais passons… ç’a quand même été plutôt idyllique dans l’ensemble.
Après l’accouchement, il y a les fameux premiers jours, vous savez, où par peur de « faire sauter les points » ou de voir tous nos organes dégringoler sous la force de la poussée, on balise au moment de se pointer dans les lieux d’aisance (si cosy) de la maternité. Et là, contre toute attente, aucun souci, pour une fois ! J’étais « joie ». Pendant 2 ou 3 mois, ç’a été le bonheur total, la simplicité de ce point de vue là (peut-être pour compenser le gros baby blues et la lame de fond qui m’emportait alors sous l’effet d’un BABI aux douloureuses coliques).
Puis, en même temps que je sortais la tête de l’eau côté gestion du bébé, les problèmes sont revenus. L’impression de ne penser toujours qu’à ça. Cette fameuse angoisse qui m’avait prise à une époque et ne me lâchait plus dès que le problème réapparaissait : « Mais où passe donc tout ce que j’ingurgite ? C’est pas possible que rien ne ressorte, je vais finir par exploser de l’intérieur ! » (je vous avais dit que ça serait glamour)
Et quelques mois plus tard encore, sans que je m’en rende compte, le système se remet à fonctionner doucement tout seul.
Aujourd’hui, ça fait plusieurs mois que je ne me suis pas posée une seule fois la question du « ça fait combien de temps que je n’y suis pas allée déjà ? »
Vient alors la recherche d’explications. Pourquoi maintenant ? Que s’est-il passé ?
Etait-ce en réalité un problème mécanique, comme l’avait suggéré une ostéopathe : un sacrum mal positionné qui aurait été remis en place par le passage du bébé lors de l’accouchement ? Ce serait donc grâce à l’accouchement finalement ??? (qui l’eût cru ?)
Puis, comme je le disais au début de l’article, une autre idée m’a frappée hier.
J’ai repensé à cette fameuse explication avec laquelle on m’a bassinée toute mon enfance, quelque soit le problème de santé dont je souffrais. L’eczéma ? C’est psychosomatique ! C’est évident qu’elle est mal dans sa peau cette jeune fille, elle en fait même des malaises au collège au milieu des cours, tellement elle souffre, se sent incomprise et qu’elle est devenue le bouc émissaire de tout l’établissement !
La constipation ? C’est dans la tête ! Il faut qu’elle apprenne à évacuer (oui oui, au propre comme au figuré), à exprimer ses (res)sentiments, à extérioriser, qu’elle soit moins réservée.
Il faut dire qu’autour de moi, les gens évacuaient de façon tellement plus sereine et appropriée ! Violence verbale et parfois alcool pour l’un, coups de poing (dans les murs) pour un autre… et puis intériorisation également pour d’autre (il faut bien que je tienne de quelqu’un). Bref, comme si à part les constipés, tout le monde évacuait parfaitement et pleinement tout ce qu’il avait sur le cœur et dans la tête !
Alors non, la vie, c’est pas toujours très simple, très clair.
Il est très difficile de faire la part des choses entre médical et psyché. Et ce ne sont pas les médecins qui aident à y voir clair en général ! Entre celui qui a le laxatif ou la cortisone faciles et l’autre qui te balance son « psychosomatique » dans la gueule à tout bout de champ et surtout sans te fournir aucune clé supplémentaire pour libérer cet éventuel trop-plein ou mal rempli de la psyché… on n’est pas beaucoup aidé au final.
Et quand mon eczéma a fini par être en grande partie guéri par un médecin (une femme extra !) qui a su en identifier les causes environnementales et cosmétiques, je me suis dit que j’avais eu bien raison de rejeter (mentalement) violemment ce si pratique argument psychologique.
Pour la « paresse intestinale » (autre appellation plus mignonne), j’avais abandonné l’idée d’en trouver la cause précise. Je penchais déjà pour une explication mécanique, qui avait été confortée par mes suites d’accouchement puis aussitôt annihilée par la reprise du blocage au bout de quelques semaines.
Sauf qu’aujourd’hui, sans vouloir trop m’emballer au risque de retomber douloureusement dans quelques semaines, force est de constater que pour la première fois depuis 27 ans, je n’ai plus à me soucier de ça. J’en ai aussi beaucoup moins le temps, il faut bien l’avouer.
Mais n’ai-je pas également trouvé un moyen agréable et efficace d’évacuer tout ce qui encombre mon esprit ? N’ai-je pas pris l’habitude, depuis maintenant plus de 7 mois, de faire part au monde entier (enfin, du moins à mes gentils lecteurs réguliers) de mes états d’âme, mes craintes, mes joies, mes blagues (et celles de Papa Sioux aussi des fois) ?
Est-ce que finalement, c’était ça la solution ? Est-ce que ce besoin d’écrire qui m’habite viscéralement depuis ma plus tendre enfance était une tentative ou un remède inconscient pour tenir à distance mes maux, autant que possible ? Les mots au secours des maux ? (oui, l’idée n’est pas nouvelle, je vous l’accorde)
Alors donc, écrire systématiquement tout ce qui m’obsède, tout ce qui nécessite de franchir les extrémités de ma conscience pour atterrir dans le carnet glissé au fond de mon sac à main, dans le bloc-notes de mon iPhone, et parfois, sur les pages de ce blog, tout cela serait ma solution anti blocage corporel, anti blocage d’énergies vitales ?
Si j’avais su ou seulement espéré sérieusement que cela puisse être la solution à tous mes problèmes, je peux vous dire que j’aurais ouvert cet espace bien plus tôt !
PS : vous remarquerez deux choses : 1/ j'ai eu la délicatesse de ne pas "illustrer" le principal sujet de cet article (hin hin, rire graveleux), 2/ je crois que bientôt, je n'aurai vraiment plus de secret pour vous, sur aucun point !