Ce billet, je l'écris surtout pour Papa Sioux. Parce que malgré tous les témoignages que je lui ai fait lire en ce sens, je vois qu'il a encore du mal à comprendre pourquoi je souhaite accoucher "différemment" pour notre prochain enfant, alors que "tout s'est très bien passé" la première fois.
L'autre soir encore, alors que j'avais entrepris (enfin) de réaliser l'album photos de Pti Tonique depuis sa naissance, je lui montre une photo de moi, sur la table d'accouchement (pendant le travail hein, pas lors de l'expulsion ^^), branchée de partout et avec le masque à oxygène et je lui dis "Regarde comme j'étais branchée de partout ! Et bien la prochaine fois, on sera juste toi et moi, tranquilles dans une pièce dans la pénombre, sans aucun branchement !". Là, Papa Sioux a levé les yeux au ciel et enchaîné sur son sempiternel "tout s'est très bien passé pourtant"...
Ce que j'entends par accoucher "différemment", c'est mon souhait d'être suivie, accompagnée et aidée à accoucher par la même personne, une sage-femme pratiquant l'Accompagnement Global à la Naissance (AGN) afin d'accoucher en plateau technique (PT), chose qui se pratique à côté de chez moi - j'ai une chance inouïe.
J'ai pourtant fait rencontrer ladite sage-femme, connue grâce à ma rééducation du périnée, à Papa Sioux, qui était ressorti de cette consultation plutôt confiant et rassuré sur les conditions de l'accompagnement le jour J (c'est-à-dire sur le fait que je n'accoucherai pas sans dispositifs médicaux à proximité en cas de complication, que la sage-femme guettait tous les signes et que des médecins étaient de garde sur le plateau en permanence s'il était nécessaire de passer en mode "accouchement standard" à un moment donné).
Je n'ai pas mal vécu mon premier accouchement mais j'aimerais juste :
- être accompagnée le jour J par une sage-femme que je connais, que je n'aurais pas la crainte de déranger par mes questions ou de retenir trop longtemps auprès de moi alors qu'elle a d'autres patientes à voir. J'ai tellement toujours peu de déranger que je me bride. J'aime poser des questions. Ca peut donner l'impression que je suis angoissée (le gynéco répondait toujours "et bien, vous vous en posez des questions !" comme si c'était une tare ! il serait plus grave de ne s'en poser aucune à mon sens) mais j'aime simplement comprendre comment fonctionnent les choses - surtout quand les choses en question, ce sont mon corps et mon accouchement !
- que l'on explique vraiment à mon conjoint comment me soulager, afin qu'il ne reste pas spectateur, afin d'être sûre que lui aussi est suffisamment informé pour comprendre à demi-mots ce qui m'arrive et agir en conséquence. J'ai bien aimé notre jeu du comptage des contractions la première fois, le rôle de Papa Sioux a été utile dans le cadre de l'environnement dans lequel nous étions, il aurait difficilement pu faire plus. Mais dans un autre cadre, plus intimiste, plus épuré, il pourrait prendre la place des machines et des objets, il pourrait lui aussi laisser libre cours à son instinct et à ses envies, venir apposer ses mains sur moi et m'apaiser par son contact, comme il sait déjà si bien le faire. Il pourrait m'envelopper de son amour pour moi, de son amour pour notre bébé à naître et sa proximité me détendrait bien plus efficacement qu'un balancement de hanche hasardeux sur un ballon. Je suis certaine que le cadre joue beaucoup et que l'on investirait, aussi bien Papa Sioux que moi, plus aisément des lieux peu chargés en matériel médical et en quoi que ce soit, sans injonctions du personnel de se mettre dans telle position ou de faire un monitoring de 2h.
- écouter mon corps et tenter de retrouver cet instinct que nous sommes toutes censées avoir. Pouvoir dire au personnel médical que si là, maintenant, j'ai envie de pousser, c'est pas une lubbie mais peut-être dû au fait que "ab bin oui, dîtes donc, on voit les cheveux !". Je sais que je suis la mieux placée pour savoir ce que je ressens et j'aimerais que la personne qui m'aide à accoucher soit quelqu'un qui en est convaincu également et qui respecte mon avis, le considère à sa juste valeur.
- vivre le miracle de la naissance en petit comité. Les félicitations de mon premier accouchement étaient agréables, je n'ai pas eu à me plaindre de commentaires désobligeants, j'ai été fortement encouragée et félicitée sincèrement pour mes "poussées efficaces" et le bon état de santé de mon fils à sa sortie. Mais.... et si les seuls sons que j'allais entendre lors de la naissance de mon bébé étaient son cri, sa respiration, mon émotion, les mots doux de son papa, les commentaires feutrés de notre sage-femme... Si en lieu et place des félicitations aimables mais bruyantes, on me laissait découvrir dans l'environnement sonore de mon choix, le beau visage de mon enfant, ses petits ou grands cris, ses mouvements, son calme après la tempête, son envie de téter ou sa grande curiosité pour son premier regard sur le monde.... ?
Je suis consciente que tout ceci est idéalisé mais il faut tendre vers l'idéal qui est le nôtre pour envisager de faire les choses différemment. Et si je parviens à vivre les choses ne serait-ce qu'à moitié comme je les ai décrites ci-dessus, je serais ravie parce que mes choix auront tout de même été entendus, même si la nature vient ensuite nous rappeler ses exigences et le quotidien ses impératifs.
Qu'en penses-tu Papa Sioux ?
Je m'excuse auprès des femmes enceintes qui, à a lecture de ce billet, concevraient une certaine appréhension à l'idée d'accoucher en milieu hospitalier. Je peux vous assurer que sur le moment, j'ai vraiment bien vécu mon accouchement, dans la mesure où je n'ai pas trop souffert et où mon bébé et moi nous en sommes sortis sans aucune séquelle, en très bonne santé - ce qui est à peu près tout ce que j'attendais de mon premier accouchement, ayant renoncé à ma seule autre attente qui était d'accoucher dans l'eau. De plus, la médicalisation de mon premier accouchement était aussi rendue nécessaire par le déclenchement : je n'aurais pas pu bénéficier d'un accouchement vraiment phyiologique dans ces conditions.
Si je n'avais pas d'alternative, je retournerai dans la clinique où j'ai accouché sans appréhension aucune ; je serais même heureuse de savoir maintenant à quoi m'attendre et d'avoir l'expérience nécessaire pour savoir ce que je souhaite et ce que je ne souhaite pas, tout en ayant la capacité de l'exprimer voire de l'imposer.
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Pour finir, je souhaite un très bon anniversaire à la jolie et rigolote Pimprenelle, qui a 1 an, déjà :-)
spéciale dédicace Pimp' !