Ces derniers temps, le lundi, c'est pas mon jour.
Entre les lundis où c'est la course et les remises en question, les lundis déprime, les lundis où les évènements des jours précédents me perturbent encore fortement...
Ce lundi fait partie de la dernière catégorie. En ce moment, à chaque fois que je vois ma famille, nous passons de bons moments mais qui semblent toujours s'achever sur une fausse note, un reproche ouvert ou une désapprobation muette. Je sais que je ne suis qu'une éponge à émotions, c'est pas nouveau. Et parfois, je me demande si je ne perçois pas plus que ce qu'il n'y a à percevoir - ou alors des nuances d'émotion, sûrement passagères, qui ne vaudraient pas la peine de s'y arrêter si je percevais sur une fréquence plus haute !
En plus, je crois bien que Pti Tonique entame sérieusement son Terrible Two. Ce n'est pas facile à gérer, ça surprend au début et quand on est fatigués, on fait surtout comme on peut avec ses enfants. Mais quand en plus on a le regard d'autres personnes sur nos actes (ou nos "non-actes" justement), la pression monte. Le regard d'un étranger, ça m'est assez égal parce que je suis plutôt sûre de mes choix. Mais le regard d'un proche, de ses parents a fortiori, c'est différent et ça peut susciter un malaise.
D'ailleurs, dans l'article du Terrible Two lié ci-dessus, ils disent ces mots, qui resteront vrais malgré les années qui passent j'ai l'impression :
Il est en train d'apprendre qu'il a le droit et la capacité de dire non, mais réalise en même temps que tous ses désirs ne sont pas des ordres. Il apprend à gérer ses émotions, à confronter la frustration.
Et pendant tout ce temps, il est torturé par cet autre désir, qui le suivra toute sa vie : celui de vous plaire et d'être aimé par vous. Avec ces élans contradictoires qui l'assaillent tout à coup, pas étonnant que votre bambin semble parfois épuisé, confus et qu'il fonde en larmes. Et sachant cela, on se dit qu'on peut peut-être se montrer un peu plus compréhensif.
Oui, toujours la crainte de décevoir. Quand pourrons-nous dire "je n'en ai plus rien à faire, je suis ma propre voie parce que je pense que c'est la bonne pour moi et ma famille, je fais donc fi des désapprobations, d'où qu'elles viennent" ? Une amie plus âgée (40 ans) m'avait déjà dit que quoiqu'on fasse, les rapports avec nos parents restent sensiblement les mêmes en grandissant (cf des "petits" conflits avec son père, qui semblaient être toujours les mêmes malgré le temps qui passe).
Bien entendu, si tout va bien, on échange ensuite entre adultes, sur un pied d'égalité. Mais au fond de soi, même si on s'en défend et qu'on fait tout pour avoir l'air d'agir librement, j'ai l'impression que l'on reste l'enfant que l'on était, qui guettait la bonne humeur de son papa, le sourire rassurant de sa maman, la fierté dans leur regard nous faisant penser que l'on était sur le bon chemin, les félicitations de nos proches pour ce que l'on avait entrepris et réussi seul, l'harmonie familiale tout simplement (quand on sait qu'elle peut voler en éclat à la moindre remarque de travers ou à cause du mot attendu qui n'aurait pas été dit).
Personnellement, malgré toute la distance que j'essaie de prendre, d'autant plus aisément que j'ai fondé mon foyer et que celui-ci m'apporte bonheur, sérénité et équilibre, je sens bien qu'un rien continue de m'affecter. Et ce pendant plusieurs jours, tant que je n'ai pas la preuve directe que la personne concernée n'a pas de ressentiment à mon égard.
Et tout ceci est loin d'être fini. Je nourris des projets d'avenir qui, lorsque j'aurai eu le courage de les mettre en branle et donc de sortir de mon confort (notamment financier) actuel, susciteront certainement des réactions vives et dubitatives. Il me faudra m'accrocher, prouver mon réalisme et mon sens des responsabilités, affirmer haut et fort que "je sais ce que je fais" ou tout du moins qu'à défaut d'être sûre de moi, je fais ce que je dois, ce que j'ai besoin de faire pour trouver une vie en accord avec moi-même.
La route est encore longue.
(et désolée si tout ceci paraît parfois un peu sibyllin - je ne me sens pas toujours capable de tout dire, de tout expliciter en détails)